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Explicatif: Comment Poutine 'Le bouleversement de la politique russe pourrait se produire

Par Gabrielle Tétrault-Farber

5 Min de lecture

MOSCOU (Reuters) – Le président russe Vladimir Poutine a proposé des changements radicaux au système politique du pays qui détourneraient les pouvoirs de la présidence au profit du Parlement et le premier ministre.

Russe Le président Vladimir Poutine s’exprime lors d’une réunion pour préparer des amendements à la constitution russe à la résidence d’État de Novo-Ogaryovo à l’extérieur de Moscou, en Russie, le 16 janvier 2020. Spoutnik / Mikhail Klimentyev / Kremlin via REUTERS

Les changements, qui ont déclenché la démission du premier ministre et du gouvernement, sont largement considérés comme donnant à Poutine, 67 ans, la possibilité d’étendre son emprise sur le pouvoir une fois qu’il aura quitté la présidence en 2024. Il a dominé la politique russe, en tant que président ou premier ministre, pendant deux décennies.

Voici ce que sont les changements constitutionnels proposés et différents scénarios pour savoir comment les choses pourraient se dérouler:

UN PARLEMENT ET UN PM PLUS FORTS

Poutine veut que le parlement soit investi du pouvoir de nommer le premier ministre. Pour le moment, le président choisit le premier ministre et le parlement approuve ensuite la nomination. Selon les propositions de Poutine, le président ne serait pas en mesure de bloquer le choix du parlement. Le Parlement aurait également le pouvoir de nommer le cabinet sur recommandation du premier ministre.

Un PRÉSIDENT PLUS FAIBLE

Poutine veut limiter les futurs présidents à un maximum de deux mandats et affaiblir la présidence en redistribuant une partie de ses pouvoirs entre d’autres institutions. Poutine lui-même effectue actuellement son quatrième mandat. Poutine veut également de nouvelles règles qui élimineraient tous les futurs prétendants à la présidence qui vivaient dans le pays depuis moins de 25 ans. De plus, en vertu des nouvelles règles de Poutine, un futur président n’aurait jamais pu détenir la citoyenneté étrangère ou un permis de séjour à l’étranger. Les règles de résidence sont perçues comme ciblant les exilés politiques ou les figures de l’opposition qui ont peut-être étudié à l’étranger.

CONSEIL D’ÉTAT

Poutine veut renforcer le statut du Conseil d’État, actuellement un organe discret qui conseille le président, et que son rôle soit inscrit pour la première fois dans la constitution. Le conseil est composé des chefs des régions de Russie. Poutine a déclaré qu’il était désireux d’augmenter considérablement le pouvoir de décision des dirigeants régionaux au niveau fédéral, suggérant que le conseil obtiendrait des pouvoirs supplémentaires.

LES PROPRES OPTIONS DE POUTINE

La constitution russe empêche Poutine, 67 ans, d’effectuer immédiatement un autre mandat présidentiel lorsqu’il quittera ses fonctions en 2024 et il propose en tout cas de modifier la constitution pour limiter à deux le nombre de mandats que tout le monde peut exercer. Cela suggère qu’il quittera définitivement ses fonctions en 2024.

Voici quelques rôles que Poutine pourrait assumer à la place et qui lui permettraient de conserver le pouvoir et l’influence.

Poutine a été premier ministre de 2008 à 2012, lorsque son allié Dmitri Medvedev a pris la présidence après que Poutine a été contraint de démissionner en raison de règles constitutionnelles. En vertu des changements proposés, le rôle de premier ministre deviendrait plus puissant, de sorte que Poutine pourrait être tenté de retourner à son ancien emploi.

Le Conseil d’État, un organe qui conseille le président, se verrait conférer des pouvoirs supplémentaires dans le cadre du remaniement proposé par Poutine. Une option serait que Poutine dirige le conseil, ce qui lui permettrait d’étendre son influence de cette façon.

Un geste similaire a été fait par le dirigeant kazakh Noursoultan Nazarbaïev avant qu’il ne démissionne l’année dernière après près de trois décennies au pouvoir dans l’ancien pays soviétique.

Avant de quitter ses fonctions, le président kazakh de 79 ans a renforcé les pouvoirs de son Conseil de sécurité et en est devenu le président à vie, lui permettant de conserver un rôle central dans la direction du pays après sa démission.

Doté par le parlement du titre officiel de « Chef de la Nation », Nazarbaïev conserve également son rôle de chef du parti au pouvoir.

Un rôle dans un parlement surpuissant pourrait être une option attrayante pour Poutine. Certains analystes ont dit qu’il pourrait envisager de devenir le président de l’organe législatif réformé, un rôle qui lui permettrait également de perpétuer son influence.

QUE SE PASSE-T-IL ENSUITE ?

Poutine a ordonné la création d’un groupe de travail chargé d’évaluer ses propositions d’amendements constitutionnels. Parmi ses membres figurent des législateurs pro-Kremlin, ainsi que des personnalités populaires telles que le pianiste Denis Matsuev et l’ancienne championne olympique de saut à la perche Yelena Isinbayeva.

Poutine a déclaré que ses amendements proposés seraient soumis à référendum. On ne sait pas quand ce référendum aura lieu.

Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération de la Chambre haute, a déclaré que le Parlement approuverait les amendements avant la fin de sa session de printemps, a rapporté l’agence de presse Interfax.

Montage par Andrew Osborn et Gareth Jones

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