Plaques polygonales violacées sur les membres supérieurs et le Tronc
Discussion
Le lichen plan est une maladie papulosquame d’étiologie incertaine. La prévalence exacte est inconnue; cependant, des estimations d’un peu moins de 1% de la population ont été rapportées dans le monde entier. Certaines études ont démontré une prédominance féminine, bien que d’autres aient réfuté cette conclusion. Aucune prédilection raciale n’a été signalée. L’incidence maximale se situe entre la quatrième et la sixième décennie, avec une relative rareté aux âges extrêmes.
Le lichen plan affecte la peau et les muqueuses. Les lésions cutanées classiques se présentent sous la forme de papules polygonales violacées, à sommet plat, qui peuvent fusionner en plaques. Une échelle fine et adhérente peut être notée. Une inspection attentive des lésions bien développées peut révéler de fins réseaux réticulés blancs connus sous le nom de stries de Wickham. L’atteinte des zones de flexion des extrémités est fréquente, bien que le tronc et le cou puissent également être affectés. Dans les cas généralisés, une propagation étendue se produit, généralement dans les 1 à 4 mois suivant l’apparition. L’isomorphisme (Koebnérisation) est bien reconnu chez le lichen plan. Le prurit est souvent présent et peut être intense.
Dans la muqueuse, le lichen plan peut prendre diverses formes. Il est le plus souvent vu comme des motifs fins, blancs, en dentelle ou réticulaires sur les surfaces buccales. Les lésions buccales surviennent chez 60% à 70% des patients et peuvent être la seule manifestation chez environ 25% de ceux qui se présentent à une clinique de dermatologie générale. Le lichen plan buccal érosif produit souvent une sensation de brûlure douloureuse qui peut causer une détresse importante. L’atteinte des organes génitaux n’est pas rare. Le lichen plan des ongles peut produire une trachonychie, un ptérygion et une perte permanente des ongles.
Bien que la cause du lichen plan soit restée obscure, diverses associations ont été décrites. Des réactions lichénoïdes orales ont été décrites à proximité des obturations dentaires en amalgame, et certains patients se sont améliorés après le retrait de ce matériau. Les tests de patch ont révélé une augmentation significative des réactions positives au mercure, à l’or et à d’autres métaux, en particulier chez les personnes atteintes de maladies buccales. Le lichen plan a été décrit à la suite d’autres expositions à l’or, comme celle qui suit l’ingestion de liqueur contenant des feuilles d’or.
Les preuves en laboratoire d’une infection chronique par le VHC du patient sont intéressantes. Dans le passé, les rapports de cas associaient une infection chronique par le VHC au développement du lichen plan. Plusieurs études réalisées par la suite ont soutenu cette association, en particulier chez des patients présentant des lésions buccales, tandis que d’autres l’ont réfutée. En effet, la forte prévalence de l’infection par le VHC dans la population générale et la sensibilité variable des méthodes de laboratoire compliquent l’analyse. Des éditoriaux récents continuent de démontrer la controverse entourant cette association.
La nature polymorphe du lichen plan se reflète dans l’évolution clinique et par la suite dans la sélection du traitement. Les rémissions spontanées et les exacerbations sont la règle. Les rémissions se sont produites en moyenne 15 mois dans 1 grande étude, avec des éruptions généralisées, telles que celles décrites chez notre patient, démontrant une résolution plus rapide. La récidive survient chez environ un quart de tous les patients. L’atteinte orale isolée est prédictive d’une évolution prolongée.
Diverses modalités thérapeutiques peuvent être utilisées, y compris les glucocorticoïdes topiques, intralésionnels et systémiques, les rétinoïdes systémiques, le psoralène et la lumière ultraviolette A (PUVA), et les agents immunosuppresseurs topiques et systémiques. La prednisolone est préférée à la prednisone pour ceux dont la fonction hépatique est compromise. Le rinçage buccal à la cyclosporine a été efficace pour les lésions buccales récalcitrantes. Il est intéressant de noter que l’héparine à faible dose et de faible poids moléculaire (3 mg par voie sous-cutanée par semaine) a été signalée avec succès chez une série de 10 patients. La rémission spontanée complique souvent les rapports de succès thérapeutique.