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Sentimentalisme (littérature)

Le sentimentalisme affirmait que le sentiment exagéré n’était pas une faiblesse, mais montrait plutôt qu’on était une personne morale. Issu d’une empathie motivée par la religion, il s’est étendu aux autres perceptions — par exemple, l’amour sensuel n’était plus compris comme une passion destructrice (Vanitas) mais plutôt comme une base d’institutions sociales, comme c’était le cas pour Antoine Houdar de la Motte. L’amour demandé était, comme dans l’opéra sérieux (la Tragédie en musique ou Opera seria), le symbole d’une alliance réussie entre les nations. Le « Lesesucht » a réévalué ce qui était autorisé la littérature, et le roman en tant que type de littérature par rapport au drame.

Vers le milieu du siècle, le sentimentalisme oppose la nature  » intacte » à la civilisation (courtoise), comme dans les œuvres de Jean Jacques Rousseau. En outre, le roman épistolaire sentimental de Samuel Richardson « Pamela, ou la vertu récompensée » (1740) a eu une grande influence littéraire.

L’œuvre littéraire comportait souvent des scènes de détresse et de tendresse, et l’intrigue était arrangée pour faire avancer les émotions plutôt que l’action. Le résultat a été une valorisation du « sentiment fin », présentant les personnages comme un modèle d’effet raffiné, moral et émotionnel. Le sentimentalisme dans la littérature a également été souvent utilisé comme un moyen par lequel les auteurs pouvaient promouvoir leurs propres agendas — implorant les lecteurs de faire preuve d’empathie avec les problèmes qu’ils traitent dans leurs livres.

Par exemple, dans le roman de Laurence Sterne, Un Voyage sentimental à travers la France et l’Italie, le narrateur utilise le personnage sentimental de Yorick comme un dispositif pour critiquer l’obligation de la morale, qu’elle soit sentimentale ou rationnelle. Il y a une scène au début du roman où Yorick rencontre un moine et refuse « de lui donner un seul sous. » Il ressent du mécontentement lorsqu’il ignore ce qu’il pense devoir faire, même s’il semble obéir à une  » meilleure raison  » (4). Rationnellement, il fait fi de son obligation sentimentale car  » il n’y a pas de raisonnement régulier sur les flux et reflux de nos humeurs  » (6). Alors qu’il argumente contre l’autorité du sens, ce sens crée finalement du mécontentement dans sa conscience. Après que le moine est parti les mains vides, c’est le « cœur » de Yorick qui « a frappé le moment de fermer la porte » (7). En conséquence, Yorick s’est  » très mal comporté  » (7). Il a respecté sa maxime rationnelle, l’action justifiée de son argument des « grandes revendications » (6). Pourtant, il sent par la conscience de sa nature sentimentale qu’il a mal agi.