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Pausanias (géographe)

La description de Pausanias de la Grèce est en dix livres, chacun dédié à une partie de la Grèce. Il commence sa tournée en Attique (ἈΤτικά), où la ville d’Athènes et ses dèmes dominent la discussion. Les livres suivants décrivent la Corinthe (deuxième livre), la Laconie (laconique) (troisième), la Messénie (Messinienne) (quatrième), Elis (ἨLiaknN) (cinquième et sixième), l’Achée (seventhΧαικά) (septième), l’Arcadie (ρρκαδικά) (huitième), la Boétie (Béotienne) (neuvième), Phocis (phocique) et Locris ozolien (dixième). Le projet est plus que topographique, c’est une géographie culturelle. Pausanias s’éloigne de la description des objets architecturaux et artistiques pour passer en revue les fondements mythologiques et historiques de la société qui les a produits. En tant qu’écrivain grec sous les auspices de l’Empire romain, il se trouvait dans un espace culturel gênant, entre les gloires du passé grec qu’il tenait tant à décrire et les réalités d’une Grèce redevable à Rome en tant que force impériale dominante. Son travail porte les marques de sa tentative de naviguer dans cet espace et d’établir une identité pour la Grèce romaine.

Il n’est pas naturaliste, bien que de temps en temps, il commente les réalités physiques du paysage grec. Il remarque les pins sur la côte sablonneuse d’Elis, les cerfs et les sangliers dans les bois de chênes de Phelloe, et les corbeaux au milieu des chênes géants d’Alalcomenae. C’est principalement dans la dernière section que Pausanias aborde les produits de la nature, tels que les fraises des bois d’Helicon, les palmiers dattiers d’Aulis et l’huile d’olive de Tithorée, ainsi que les tortues d’Arcadie et les « merles blancs » de Cyllène.

Pausanias est le plus à l’aise dans la description de l’art et de l’architecture religieux d’Olympie et de Delphes. Pourtant, même dans les régions les plus reculées de Grèce, il est fasciné par toutes sortes de représentations de divinités, de saintes reliques et de nombreux autres objets sacrés et mystérieux. À Thèbes, il voit les boucliers de ceux qui sont morts à la bataille de Leuctra, les ruines de la maison de Pindare, et les statues d’Hésiode, d’Arion, de Thamyris et d’Orphée dans le bosquet des Muses sur Hélicon, ainsi que les portraits de Corinne à Tanagra et de Polybe dans les villes d’Arcadie.

Pausanias a l’instinct d’un antiquaire. Comme l’a dit son éditeur moderne, Christian Habicht,

En général, il préfère l’ancien au nouveau, le sacré au profane; il y a beaucoup plus sur l’art classique que sur l’art grec contemporain, plus sur les temples, les autels et les images des dieux, que sur les bâtiments publics et les statues de politiciens. Certaines structures magnifiques et dominantes, telles que la Stoa du roi Attale dans l’Agora athénienne (reconstruite par Homère Thompson) ou l’Exèdre d’Hérode Atticus à Olympie ne sont même pas mentionnées.

Andrew Stewart évalue Pausanias comme:

Un écrivain prudent et piéton… intéressé non seulement par le grandiose ou l’exquis, mais aussi par des curiosités inhabituelles et des rituels obscurs. Il est parfois négligent ou fait des inférences injustifiées, et ses guides ou même ses propres notes le trompent parfois, mais son honnêteté est incontestable, et sa valeur sans égal.

Contrairement à un guide Baedeker, en Périégèse, Pausanias s’arrête pour un bref excursus sur un point de rituel ancien ou pour raconter un mythe pertinent, dans un genre qui ne redeviendra populaire qu’au début du XIXe siècle. Dans la partie topographique de son œuvre, Pausanias aime les digressions sur les merveilles de la nature, les signes qui annoncent l’approche d’un tremblement de terre, les phénomènes des marées, les mers glacées du nord et le soleil de midi qui, au solstice d’été, ne fait aucune ombre à Syène (Assouan). S’il ne doute jamais de l’existence des divinités et des héros, il critique parfois les mythes et légendes qui les concernent. Ses descriptions de monuments d’art sont simples et sans fioritures. Ils portent l’impression de la réalité, et leur exactitude est confirmée par les restes existants. Il est parfaitement franc dans ses confessions d’ignorance. Lorsqu’il cite un livre de seconde main, il prend soin de le dire.

L’œuvre a laissé de faibles traces dans le corpus grec connu.  » Il n’a pas été lu « , raconte Habicht; « il n’y a pas une seule mention de l’auteur, pas une seule citation de celui-ci, pas un murmure avant Stephanus Byzance au vie siècle, et seulement deux ou trois références à celui-ci tout au long du Moyen Âge. »Les seuls manuscrits de Pausanias sont trois copies du XVe siècle, pleines d’erreurs et de lacunes, qui semblent toutes dépendre d’un seul manuscrit qui a survécu pour être copié. Niccolò Niccoli avait cet archétype à Florence en 1418. À sa mort en 1437, il est allé à la bibliothèque de San Marco, Florence, puis il a disparu après 1500.

Jusqu’à ce que les archéologues du XXe siècle aient conclu que Pausanias était un guide fiable sur les sites qu’ils fouillaient, Pausanias a été largement rejeté par les classicistes du XIXe et du début du XXe siècle d’un penchant purement littéraire: ils avaient tendance à suivre leur contemporain généralement autoritaire Ulrich von Wilamowitz-Moellendorff en le considérant comme un peu plus qu’un fournisseur de récits d’occasion, qui, a-t-on suggéré, n’avait pas visité la plupart des endroits qu’il décrivait. L’historien du XXe siècle Christian Habicht décrit un épisode dans lequel Wilamowitz a été égaré par sa mauvaise lecture de Pausanias devant un auguste groupe de voyageurs en 1873, et lui attribue l’antipathie et la méfiance de Wilamowitz à l’égard de Pausanias. La recherche archéologique moderne, cependant, a eu tendance à justifier Pausanias.