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Processus de traduction et d’adaptation des instruments

Le but de ce processus est d’obtenir différentes versions linguistiques de l’instrument anglais qui soient conceptuellement équivalentes dans chacun des pays/cultures cibles. Autrement dit, l’instrument doit être tout aussi naturel et acceptable et fonctionner pratiquement de la même manière. L’accent est mis sur l’interculturalité et le conceptuel, plutôt que sur l’équivalence linguistique/ littérale. Une méthode bien établie pour atteindre cet objectif consiste à utiliser des traductions en avant et des traductions en arrière. Cette méthode a été affinée au cours de plusieurs études de l’OMS pour aboutir aux lignes directrices suivantes.

La mise en œuvre de cette méthode comprend les étapes suivantes :

  • Traduction en avant
  • Traduction en arrière du groupe d’experts
  • Pré-test et entretien cognitif
  • Version finale

Traduction en avant

Cette tâche devrait être confiée à un traducteur, de préférence un professionnel de la santé, connaissant la terminologie du domaine couvert par l’instrument et possédant des compétences en entretien. Le traducteur doit connaître la culture anglophone, mais sa langue maternelle doit être la langue principale de la culture cible.

Des instructions devraient être données dans l’approche de la traduction, en mettant l’accent sur les traductions conceptuelles plutôt que littérales, ainsi que sur la nécessité d’utiliser un langage naturel et acceptable pour le public le plus large. Les directives générales suivantes doivent être prises en compte dans ce processus :

  • Les traducteurs doivent toujours viser l’équivalent conceptuel d’un mot ou d’une phrase, et non une traduction mot à mot, c’est-à-dire pas une traduction littérale. Ils devraient examiner la définition du terme original et tenter de le traduire de la manière la plus pertinente.
  • Les traducteurs doivent s’efforcer d’être simples, clairs et concis dans la formulation d’une question. Moins de mots, c’est mieux. Les longues phrases avec de nombreuses clauses devraient être évitées.
  • La langue cible doit viser le public le plus courant. Les traducteurs doivent éviter de s’adresser à des publics professionnels tels que ceux de la médecine ou de tout autre groupe professionnel. Ils devraient tenir compte du répondant type de l’instrument traduit et de ce que le répondant comprendra lorsqu’il entend la question.
  • Les traducteurs doivent éviter l’utilisation de tout jargon. Par exemple, ils ne devraient pas utiliser:
    • des termes techniques qui ne peuvent pas être compris clairement; et
    • des termes familiers, des idiomes ou des termes vernaculaires qui ne peuvent pas être compris par les gens ordinaires dans la vie quotidienne.
  • Les traducteurs doivent tenir compte des questions d’applicabilité du sexe et de l’âge et éviter tout terme qui pourrait être considéré comme offensant pour la population cible.

Groupe d’experts

Un groupe d’experts bilingue (en anglais et dans la langue cible pour la traduction) devrait être convoqué par un rédacteur en chef désigné. Le but de cette étape est d’identifier et de résoudre les expressions / concepts inadéquats de la traduction, ainsi que toute divergence entre la traduction directe et les versions antérieures existantes ou comparables des questions, le cas échéant. Le groupe d’experts peut remettre en question certains mots ou expressions et proposer des solutions de rechange. Les experts devraient recevoir tout matériel pouvant les aider à être cohérents avec les traductions précédentes. Les chercheurs principaux et / ou les collaborateurs du projet seront responsables de la fourniture de ces documents. Le nombre d’experts dans le panel peut varier. En général, le panel devrait inclure le traducteur original, des experts en santé, ainsi que des experts ayant une expérience dans le développement et la traduction d’instruments.

Le résultat de ce processus produira une version traduite complète du questionnaire.

Back-translation

Suivant la même approche que celle décrite dans la première étape, l’instrument sera ensuite traduit en anglais par un traducteur indépendant, dont la langue maternelle est l’anglais et qui n’a aucune connaissance du questionnaire. La rétro-traduction sera limitée à des éléments sélectionnés qui seront identifiés de deux manières. Les premiers seront des éléments sélectionnés par l’OMS sur la base des termes / concepts essentiels à l’instrument ou de ceux qui sont soupçonnés d’être particulièrement sensibles aux problèmes de traduction entre les cultures. Ces articles seront distribués lorsque la version anglaise de l’instrument sera distribuée. La seconde consistera en d’autres éléments qui seront ajoutés au fur et à mesure que les pays participants identifieront des mots ou des phrases problématiques. Ces éléments supplémentaires doivent être soumis à l’OMS pour examen et approbation.

Comme dans la traduction initiale, l’accent devrait être mis dans la traduction arrière sur l’équivalence conceptuelle et culturelle et non sur l’équivalence linguistique. Les divergences doivent être discutées avec le rédacteur en chef et les travaux ultérieurs (traductions en avant, discussion par le groupe d’experts bilingue, etc.) doit être itéré autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’une version satisfaisante soit atteinte.

Les mots ou expressions particulièrement problématiques qui ne reflètent pas complètement le concept abordé par l’élément original doivent être portés à l’attention de l’OMS.

Pré-test et entretien cognitif

Il est nécessaire de pré-tester l’instrument sur la population cible. Chaque module ou section sera entièrement testé en utilisant les méthodologies décrites ci-dessous.

  • Les personnes interrogées avant le test doivent inclure des personnes représentatives de celles à qui le questionnaire sera administré. Pour cette étude, les utilisateurs dépendants d’opioïdes devraient être utilisés pour tester les instruments traduits, bien que ces utilisateurs puissent provenir de sources autres que celles utilisées pour recruter des participants à l’étude – de préférence des personnes qui ne seraient pas admissibles à l’étude principale.
  • Les participants au pré-test doivent compter au moins 10 pour chaque section. Ils devraient représenter des hommes et des femmes de tous les groupes d’âge (18 ans et plus) et de différents groupes socioéconomiques.
  • Les répondants pré-test doivent recevoir l’instrument et être systématiquement débriefés. Ce compte rendu devrait demander aux répondants ce qu’ils pensaient que la question posait, s’ils pouvaient répéter la question dans leurs propres mots, ce qui leur est venu à l’esprit lorsqu’ils ont entendu une phrase ou un terme particulier. Il devrait également leur demander d’expliquer comment ils choisissent leur réponse. Ces questions doivent être répétées pour chaque élément.
  • Les réponses à ces questions doivent être comparées aux réponses réelles du répondant à l’instrument pour des raisons de cohérence.
  • Les répondants devraient également être interrogés sur tout mot qu’ils ne comprenaient pas ainsi que sur tout mot ou expression qu’ils jugeaient inacceptable ou offensant.
  • Enfin, lorsqu’il existe des mots ou des expressions alternatifs pour un élément ou une expression, le répondant pré-test devrait être invité à choisir laquelle des alternatives correspond le mieux à son langage habituel.
  • Cette information est mieux obtenue par des entretiens personnels approfondis, bien que l’organisation d’un groupe de discussion puisse être une alternative.
  • Il est très important que ces entretiens soient menés par un intervieweur expérimenté.

Un rapport écrit de l’exercice de pré-test, ainsi que des informations sélectionnées concernant les personnes participantes doivent également être fournies.

Version finale

La version finale de l’instrument dans la langue cible doit être le résultat de toutes les itérations décrites ci-dessus. Il est important qu’un numéro de série (par exemple 1.0) soit donné à chaque version. Instructions pour fournir la version électronique de l’instrument traduit final à l’OMS qui sera fournie.

Documentation

Toutes les procédures d’adaptation culturelle doivent être traçables grâce aux documents appropriés. Ceux-ci comprennent au moins:

  • version initiale;
  • un résumé des recommandations du groupe d’experts;
  • la traduction arrière;
  • un résumé des problèmes constatés lors du pré-test de l’instrument et des modifications proposées; et
  • la version finale.