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Umwelt

Chaque composant fonctionnel d’un umwelt a une signification et représente ainsi le modèle du monde de l’organisme. Ces composantes fonctionnelles correspondent approximativement à des caractéristiques perceptives, telles que décrites par Anne Treisman. C’est aussi le monde sémiotique de l’organisme, y compris tous les aspects significatifs du monde pour un organisme particulier, c’est-à-dire qu’il peut s’agir d’eau, de nourriture, d’abris, de menaces potentielles ou de points de référence pour la navigation. Un organisme crée et remodèle son propre umwelt lorsqu’il interagit avec le monde. C’est ce qu’on appelle un  » cercle fonctionnel ». La théorie umwelt affirme que l’esprit et le monde sont inséparables, car c’est l’esprit qui interprète le monde pour l’organisme. Par conséquent, les umwelten de différents organismes diffèrent, ce qui découle de l’individualité et de l’unicité de l’histoire de chaque organisme. Lorsque deux umwelten interagissent, cela crée une sémiosphère.

En tant que terme, umwelt unit également tous les processus sémiotiques d’un organisme en un tout. En interne, un organisme est la somme de ses parties opérant dans des cercles fonctionnels et, pour survivre, toutes les parties doivent travailler en coopération. C’est ce qu’on appelle le « umwelt collectif » qui modélise l’organisme comme un système centralisé à partir du niveau cellulaire vers le haut. Cela nécessite que la sémiose d’une partie quelconque soit connectée en permanence à toute autre sémiose opérant dans le même organisme. Si quelque chose perturbe ce processus, l’organisme ne fonctionnera pas efficacement.

Les écrits d’Uexküll montrent un intérêt particulier pour les différents mondes qu’il croyait exister (« conceptuellement ») du point de vue de l’umwelt de différentes créatures telles que les tiques, les oursins, les amibes, les méduses et les vers marins.

Le tournant biosémiotique de l’analyse de Jakob von Uexküll se produit dans sa discussion sur la relation de l’animal avec son environnement. L’umwelt est pour lui un environnement-monde qui est, selon Agamben,  » constitué d’une série plus ou moins large d’éléments  » porteurs de signification  » ou « marques  » qui sont les seules choses qui intéressent l’animal « . Agamben poursuit en paraphrasant l’exemple de la tique d’Uexküll en disant:

« …cet animal sans yeux trouve le chemin de son poste de garde à l’aide de la seule sensibilité générale de sa peau à la lumière. L’approche de sa proie ne devient apparente à ce bandit aveugle et sourd que par son odorat. L’odeur d’acide butyrique, qui émane des follicules sébacés de tous les mammifères, agit sur la tique comme un signal qui la pousse à abandonner son poteau (au-dessus du brin d’herbe / buisson) et à tomber aveuglément vers sa proie. Si elle a la chance de tomber sur quelque chose de chaud (qu’elle perçoit au moyen d’un organe sensible à une température précise), alors elle a atteint sa proie, l’animal à sang chaud, et n’a ensuite besoin que de l’aide de son sens du toucher pour trouver la tache la moins velue possible et s’intégrer jusqu’à sa tête dans le tissu cutané de sa proie. Elle peut maintenant aspirer lentement un flux de sang chaud. »