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LaM Villeneuve-d’Ascq a collaboré avec le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid) et avec le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir (Paris) pour une exposition rétrospective consacrée à l’actrice, vidéaste et militante féministe française Delphine Seyrig (1932-1990).
L’exposition revient sur l’implication de D. Seyrig dans le mouvement féministe français en examinant ses différentes activités d’actrice et de cinéaste.
En s’articulant autour de sept thèmes, vidéos, films, photographies et documents d’archives, Les Muses insoumises dresse un panorama visuel et médiatique des principales luttes politiques et féministes des années 1970 et 80 : droit à l’avortement, liberté sexuelle, conditions de vie des travailleuses du sexe, droits des prisonnières politiques
Bien que D. Seyrig a commencé sa carrière d’actrice aux États-Unis dans le film désormais culte de Robert Frank et Albert Leslie, Pull My Daisy (1959), le public français l’a découverte dans les années 1960, dans des films réalisés par Alain Resnais (L’an dernier à Marienbad, 1961 ; Muriel, 1963) et François Truffaut (Baisers volés, 1968). Dès lors, elle incarne à contrecœur l’image de la femme idéalisée parfois associée aux actrices de la Nouvelle Vague.
La première partie de l’exposition nous montre qu’être actrice a fourni D. Seyrig avec non seulement le point de départ d’une réflexion critique sur les différents rôles que la société attribue aux femmes, mais aussi l’occasion de dénoncer le sexisme inhérent à l’industrie cinématographique.
À partir des années 1970, elle a pu se défaire de l’image de son début de carrière en travaillant avec des cinéastes comme Marguerite Duras (India Song, 1975), Chantal Akerman (Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles, 1975) et Ulrike Ottinger (Freak Orlando, 1981), lui permettant de concilier de manière cohérente son travail d’actrice et de militante féministe.
Irène Bouaziz, Delphine Seyrig pendant l’Assemblée Générale de préparation pour l’événement « Mutualité contre le viol », 17 juin 1976, Paris, © Irène Bouaziz, 2019
Anonyme, Delphine Seyrig, Maria Schneider et Carole Roussopoulos pendant le tournage de Sois belle et tais-toi, 1975, Archives Seyrig
In addition to her work as an actress, D. Seyrig est devenue une ardente défenseure du Mouvement de Libération des Femmes (MLF). En 1971, elle est l’une des femmes qui signent le » Manifeste des 343 « 1 de Simone de Beauvoir, et reçoit en 1972 Harvey Karman, psychologue et militant pro-choix de Californie, dans son appartement parisien pour effectuer la première démonstration de sa technique d’avortement devant des membres du MLF.2
Quelques années plus tard, grâce à sa rencontre avec Carole Roussopoulos (1945-2009)3 en 1974, elle apprend à utiliser la vidéo et comprend rapidement à quel point un médium peut être fort pour défendre ses réflexions sur l’émancipation et la sororité.
Avec C. Roussopoulos et son amie d’enfance Ioana Wieder, elle crée le collectif » Les muses s’amusent « , rebaptisé plus tard » Les Insoumuses « .
Anonyme, Carole Roussopoulos pendant le tournage de Les prostituées de Lyon parlent, 1975, © Fonds Carole Roussopoulos
À Villeneuve d’Ascq, l’exposition est entrecoupée d’un certain nombre d’œuvres créées par le collectif dénoncer la condition des femmes dans le monde politique (Où est-ce qu’on se peut ?, 1976), documentent certaines de leurs luttes (Les prostituées de Lyon parlent, 1975), et relaient la parole d’autres femmes (Il ne fait pas chaud, 1977).
Ses vidéos les plus marquantes sont probablement Maso et Miso vont en bateau (1975)4, qu’elle co-réalise avec Nadja Ringart et qui réussit à déconstruire et ridiculiser de manière ludique le tout-puissant patriarcat avec un ton délicieusement caustique, et S.C.U.M. Manifesto (1976)5, qui s’appuie sur l’un des textes féministes les plus radicaux de l’époque, qui appelait à l’élimination du sexe masculin.
Micha Dell-Prane, Delphine Seyrig et Ioana Wieder filmant pendant une manifestation, 1976, © Micha Dell-Prane, 2019
Les dernières salles de l’exposition sont consacrées à la fondation de la Simone de Beauvoir. centre audiovisuel de Beauvoir par D. Seyrig et Les Insoumises en 1982. Les membres du collectif croyaient à l’importance de la création d’une collection d’archives et à la nécessité de transmettre l’histoire et les droits des femmes aux générations futures.
Au temps du mouvement #MeToo et des luttes renouvelées sur le corps des femmes, l’exposition est un rappel essentiel de ce qu’était le féminisme en France et des combats à mener.
Les Muses insoumises. Delphine Seyrig, entre cinéma et vidéo féministe, du 5 juillet au 22 septembre 2019, LaM (Villeneuve d’Ascq, France).
Commissaires : Nataša Petrešin-Bachelez et Giovanna Zapperi
» Le manifeste des 343″, Le Nouvel Observateur, 5 avril 1971, n° 334.
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La méthode de Karman a marqué un tournant en ce sens qu’elle était moins invasive et pouvait être réalisée sans l’intervention d’un médecin.
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Pionnière française de la vidéo, documentariste et militante féministe.
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Invitée d’une émission de télévision sur Antenne 2 à l’occasion de la déclaration de la Journée Internationale de la Femme par les Nations Unies en 1975, Françoise Giroud, alors Secrétaire française à la Condition féminine, a été confrontée aux remarques de plusieurs hommes ouvertement misogynes. Les Insoumus ont retravaillé le spectacle original en interférant avec le son et l’image et en ajoutant des commentaires à la vidéo.
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La vidéo est basée sur le texte éponyme écrit en 1967 par l’intellectuelle new-yorkaise Valerie Solanas, dont la traduction française était épuisée à l’époque. V. Solanas, connu pour avoir abattu Andy Warhol, était une figure centrale et controversée du féminisme des années 1970.